Bunk’Art 2 en Albanie : Histoire et mémoire au cœur de Tirana

Au centre de Tirana, la capitale albanaise, se trouve un monument unique et poignant : Bunk’Art 2. Cet ancien bunker nucléaire, aujourd’hui transformé en musée, raconte l’histoire sombre mais essentielle du Ministère de l’Intérieur et de la police secrète albanaise durant la période communiste. Ce projet fait suite à Bunk’Art 1, qui se concentre sur l’histoire de l’armée communiste. En visitant ces deux lieux, vous saurez appréhender une part essentielle de l’histoire albanaise.

Contexte historique et signification

Principale attraction touristique de Tirana, Bunk’Art 2 est situé en plein cœur du quartier gouvernemental de la capitale, entouré de divers ministères, de l’hôtel de ville et de la place Skanderbeg. Le bunker, autrefois désigné sous le nom de code « Objekti Shtylla » (Pillar), fut l’une des dernières grandes constructions commandées par Enver Hoxha, menées entre 1981 et 1986. Construit pour abriter les forces spéciales et le personnel du ministère de l’Intérieur en cas d’attaque nucléaire, le bunker est un exemple marquant des obsessions de protection et d’isolement du régime communiste face aux puissances impérialistes.

Après la chute du communisme en 1991, le bunker resta inaccessible jusqu’en 2015, quand il fut transformé en musée et ouvert au public l’année suivante. Les curateurs ont soigneusement préservé et parfois laissé en l’état certains dommages, comme le dôme d’entrée endommagé par des personnes en colère après la chute du régime, symbolisant ainsi le lourd héritage de l’oppression.

Ce qu’il y a à y voir

Le musée Bunk’Art 2 s’étend sur plus de 1 000 mètres carrés et comprend 24 salles, chacune offrant une perspective unique sur les tactiques de répression et de contrôle de la police secrète, la Sigurimi. Dès l’entrée, les visiteurs sont accueillis par des images des victimes du régime, créant une ambiance solennelle et immersive.

Le musée retrace d’abord l’histoire de la police albanaise depuis l’indépendance en 1912, couvrant la période monarchique (1925-1939) et les occupations italienne et allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, il plonge profondément dans l’ère de la dictature communiste (1944-1991). L’une des sections particulièrement poignantes est dédiée aux 6 027 personnes exécutées, aux 34 000 emprisonnées et aux plus de 50 000 envoyées dans des camps d’isolement. Une salle affiche d’interminables listes de noms de ces victimes, illustrant l’ampleur des persécutions.

Des expositions thématiques détaillent les méthodes de contrôle des frontières, avec des mannequins de chiens de garde et des uniformes de police, et des équipements de répression. L’histoire de la Sigurimi est richement documentée, y compris les destins tragiques de ses dirigeants, comme Koçi Xoxe et Mehmet Shehu, victimes des purges du régime.

Art et histoire entremêlés

Deux faits sautent particulièrement aux yeux dans ce musée : la fusion entre les expositions historiques et les installations artistiques. Par exemple, une tête de mannequin en forme de robot représente la surveillance omniprésente à l’époque, avec des éléments comme une caméra dissimulée dans un manche à balai. Une autre installation saisissante est une salle de surveillance avec des microphones et des caméras cachées conçus pour espionner les foyers privés, illustrant l’ampleur de la surveillance intrusive du régime.

Une visite immersive

La structure même du bunker, avec ses murs en béton armé de 2,5 mètres d’épaisseur, contribue à l’expérience immersive. Les visiteurs traversent des couloirs étroits et des pièces basses, accentuant le sentiment de confinement et d’oppression. Pour ceux sujets à la claustrophobie, il peut être difficile de supporter le trajet, mais le musée vaut sans doute l’effort pour comprendre cette période de l’histoire albanaise.

Les panneaux sont rédigés en albanais et en anglais. Bien que les traductions puissent parfois sembler maladroites, elles restent globalement compréhensibles et permettent d’apprécier pleinement les expositions.

Conseils pratiques pour la visite du Bunk’Art 2

Bunk’Art 2 est ouvert tous les jours de 9h à 18h (parfois jusqu’à 20h les jeudis et dimanches). Le billet d’entrée coûte 500 Lek (environ 4,10 euros). Il est aussi possible d’acheter un billet combiné avec Bunk’Art 1 pour 800 Lek (environ 6,60 euros), permettant ainsi d’économiser 20 %.

Pour profiter pleinement de votre visite, prévoyez au moins une heure et demie, voire plus si vous souhaitez lire tous les textes et visionner les vidéos.

Les autres destinations à proximité

Bunk’Art 2 se trouve tout près de la Maison des Feuilles, autre musée dédié à la Sigurimi, et proche de Skanderbeg Square. Vous pouvez également visiter la Galerie nationale d’Art et le musée national d’Histoire, tous accessibles à pied depuis Bunk’Art 2. En explorant ces différents lieux, vous aurez une perspective encore plus riche de l’histoire et de la culture albanaises.

Bunk’Art 2 n’est pas un simple musée, mais un voyage en Albanie à travers une période sombre de l’histoire albanaise, un lieu de mémoire qui mérite d’être visité pour comprendre et ne jamais oublier les horreurs d’un régime oppressif. Son mélange d’histoire et d’art, son ambiance intense et ses récits poignants en font une visite incontournable pour quiconque s’intéresse à l’histoire des Balkans.

Découvrez les autres destinations en Albanie :